L’exode rurale amplifié par les dernières grandes mutations de nos sociétés amène désormais 80 % de la population française à habiter dans de grandes villes. La déconnexion entre les citadins et la nature s’est accentuée avec la montée de l’individualisme et l’essor des technologies modernes, notamment les réseaux sociaux. Même si ces évolutions urbaines de nos modes de vie se perçoivent aussi à l’île de la Réunion, nous demeurons ici, pour l’instant, encore préservés.

Le terme de Ruralité pour une île évoque non seulement la terre, mais aussi les activités de bord de mer, qu’elles soient de pêche, de collecte de coquillages, ou encore de loisirs. La chasse des tangues, des guêpes, les petits élevages familiaux, les batailles coq tout comme la pêche traditionnelle constituent des pans essentiels de notre patrimoine, et le ciment de notre identité qu’il convient de préserver.

Cependant, aussi bien intentionnées soient-elles, de plus en plus de lois « hors-sol », votées en métropole, sont inadaptées à nos spécificités, et conduisent à un sentiment d’injustice grandissant, du bord de mer à nos plus hauts sommets. Il est important d’anticiper et de résister, en intégrant dans le champ politique réunionnais la défense de la Ruralité, avant qu’il ne soit trop tard.

Ces dernières années d’ailleurs, un nouvel ordre moral cherche à nous imposer une égalité, voire une supériorité de l’animal sur l’humain. Les animaux, qu’ils soient de compagnie, de ferme, sauvages ou prédateurs sont devenus la coqueluche des grands médias influençant l’opinion et donc nos politiques. La condition animale devient une thématique parmi les plus débattues dans nos hautes assemblées, avec une surenchère de textes qui, sous couvert de bien-être, visent à faire abolir toute consommation ou utilisation de produits d’origine animale. On criminalise d’abord la souffrance, avant de criminaliser la mise à mort à des fins de consommation.

La France est un grand pays de la gastronomie, et on ne peut pas rester sans réagir face à l’entreprise de culpabilisation du consommateur de viande ou de poisson, face aux attaques incessantes contre toutes les formes d’élevage, qu’elles soient éthiques ou même de subsistance.

Que direz-vous si demain cette mouvance arrivait à faire supprimer le rougail saucisse, le boucané, le poisson rouge, les bichiques, ou encore le cabri massalé ? Vous en ricaneriez, et pourtant en l’espace de 10 ans, cette pensée s’est élargie au point d’influencer désormais nos propres enfants.

En parallèle, les grands groupes industriels se sont engouffrés dans cette nouvelle niche et soutiennent la diffusion de cette idéologie, puisqu’elle leur permet de conditionner le marché tout en verdissant leur image. C’est un signe qui ne trompe pas, entre financiarisation de la nature et boom de l’offre de substituts aux produits d’origine animale, avec même de la viande cellulaire, déjà fortement cotée en bourse.

Nous sommes entrés dans l’ère d’un nouveau choc de société : celui d’une « élite » des villes contre les « invisibles » des campagnes, celui de la nourriture synthétique contre l’alimentation traditionnelle.
Il est pourtant encore possible de tendre ensemble vers une société plus juste, plus responsable et solidaire, avec des modes de production durable, des circuits courts permettant de proposer une alimentation végétale et animale plus saine, de qualité, et respectueuse de l’environnement.

C’est dans cet esprit de préservation de nos droits et libertés essentielles, de conciliation de nos modes de production agricole avec les évolutions sociétales actuelles qu’a été créé Le Mouvement de la Ruralité.

Nous vous invitons aujourd’hui à le découvrir et à le soutenir, pour que l’avenir de nos enfants ne soit pas un monde artificiel sans bruit sans odeur, sans saveur, définitivement déconnecté des réalités… et de la nature.

 

2021 04 28 LMR Reunion 

 L'équipe LMR La Réunion (de gauche à droite) : Mylène VEMINARDI, élue de la commune de Saint-Leu - Jean-François NATIVEL, représentant départemental et outre-mer du Mouvement de la Ruralité, élu de la commune de Saint-Paul - Jean-Louis ATHENE, technicien agricole, référent agricole LMR Réunion - Jorris MAURIN élu de la commune de Trois-Bassins

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Dimanche 21 mars, France 5 a diffusé un documentaire intitulé « Sur le front des forêts françaises » (voir le replay sur bit.ly/2Pb00B7)

Les forestiers espéraient voir une analyse documentée sur la situation de la forêt et les difficultés auxquelles les sylviculteurs sont et vont être confrontés, notamment du fait du changement climatique.

Quelle déception ! il agissait essentiellement de faire de la propagande pour des écoterroristes qui s’opposent aux coupes rases (si on peut admettre que la coupe rase soit perturbante pour le profane, le sylviculteur y voit une technique recevable dans de nombreux cas pour garantir une remise en état d’un peuplement forestier).

On y voit notamment des activistes pénétrer par effraction sur un site industriel ou harceler des entreprises d’exploitation forestière, tout cela sous l’œil bienveillant de la caméra. Mais on y entend aussi des propos qui présentent des faits de manière tendancieuse :

  • Oui, c’est sur la base de plantations que la forêt s’est agrandie en France : n’en déplaise à Monsieur Clément, la forêt n’apparaît pas toute seule, sinon, ce n’est pas de la forêt, c’est de la friche ! Donc, au lieu de jeter le discrédit sur leur action, réjouissons-nous plutôt qu’il y ait encore des gens pour investir dans des plantations qui ne leur rapporteront jamais rien !
  • Oui, la forêt française se régénère en grande partie par plantation. N’en déplaise là encore à Monsieur Clément, la forêt naturelle est un mythe : en France métropolitaine la forêt primaire n’existe plus depuis bien longtemps, toutes les forêts ont été modelées par la main de l’homme.
    Quant à la forêt des Landes, rappelons que c’est pour l’essentiel une forêt artificielle qui a été installée au 19ème siècle pour valoriser des espaces marécageux et fixer les dunes.
  • Oui, il y a probablement eu des erreurs de gestion sylvicole il y a un demi-siècle. Mais il faut rappeler qu’il y a cinquante ans, on ne parlait pas encore du réchauffement climatique et que les choix de l’époque étaient parfaitement justifiés selon les informations disponibles à ce moment-là. Il est toujours facile de critiquer a posteriori.
  • Oui, les forestiers cherchent en permanence à adapter leurs pratiques sylvicoles aux conditions de leurs écosystèmes, tant dans le domaine public (ONF) que dans les forêts privées. Et les sylviculteurs n’ont pas attendu Monsieur Clément pour cela : la technique de la futaie irrégulière aujourd’hui remise à l’honneur existe depuis des siècles, la création du mouvement « pro sylva » qui a formalisé cette méthode remonte à plus de trente ans !
  • Oui, quelques absurdités de l’économie forestière sont relevées dans ce documentaire. Mais elles sont insuffisamment et imparfaitement traitées :
    • oui il est scandaleux que des grumes dignes d’être exploitées par les scieurs soient transformées en combustible. Mais pourquoi est-ce le cas et comment y remédier ?
    • oui il est absurde que des grumes partent en Chine pour nous revenir transformées en France. Mais là encore, aucun approfondissement de la question : pourquoi la filière bois française n’est-elle pas capable de transformer ces bois sur place ?

LMR n’est évidemment pas surpris des outrances proférées par Monsieur Clément. Il est coutumier du fait. Pour autant LMR regrette que Fance 5 s’en fasse complice en le laissant faire de l’activisme au lieu de faire du journalisme. En agissant ainsi France 5 a raté une occasion de traiter sérieusement un sujet qui le méritait.

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En réponse au député Marc le Fur qui l'interrogeait sur la Charte des Langues Minoritaires, le Garde des Sceaux s'est lâché. Baragouiner ... voilà le verbe qu'utilise le Garde des Sceaux pour qualifier celles et ceux qui ont le malheur, selon lui - l'honneur, selon le Mouvement de la Ruralité - de défendre leurs patois, de parler la langue, les langues de leurs régions.

Il s'en excusera plus tard, mais le mépris est exprimé.

Le Mouvement de la Ruralité condamne les propos en question et appelle le chef de l'État et le Premier ministre à recadrer leur ministre pour sa dérive tant jacobine qu'inadmissible.

Nous pensons nous que la France est forte de ses régions. Leurs langues parlées, écrites et chantées à l'instar de l'alsacien, du basque, du breton, du catalan, de l'occitan, du corse, du provençal, du flamand, ou créole et de tant d'autres, ont droit au respect de la République, ne serait-ce qu'au nom de ces nombreuses vies humaines qui ont contribué au rayonnement de la France, à ces victoires militaires, sociales, économiques, culturelles et forgé son histoire.

La France est forte de ses régions et de celles et ceux qui ont fait rayonner sa culture en autant de langues régionales. LMR pense ici à Frédéric Mistral, Pierre Jakez Hélias, Ignace Colombani, Germain Muller, Aimé Césaire et bien d'autres dont les écrits et poèmes sont autant de racines de la France historique et restent une part de son âme éternelle. Que cela soit dit et entendu.

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À vouloir toujours négocier les prix à la baisse, c'est la mort de l'agriculture française en perspective ! Chaque début d’année, les différents acteurs de l’alimentaire, syndicats, industries agroalimentaires et représentants de la grande distribution se retrouvent pour négocier les variations de prix. Or, cette année les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) réclament des baisses insupportables.

Pour la commission agriculture du Mouvement de la ruralité, c’est inacceptable au regard du travail que fournissent les agriculteurs au quotidien tant pour assurer la quantité que la qualité des produits. Le lait, la viande, les céréales et diverses productions nationales sont en crise financière, avec des salaires indécents, voire l’absence de revenus pour d’autres. Concomitamment à cette fâcheuse situation financière, l’État et l’UE demandent toujours plus de garanties et exigent des contraintes de plus en plus coûteuses. Problèmes auxquels on peut rajouter les échanges agroalimentaires mondiaux qui ne font qu’accentuer la baisse des prix !

Les GMS, autant que les industries agroalimentaires, ne respectent pas les décisions prises lors des États Généraux de l’Alimentation dont l’État devrait-être garant de leur application. Les produits agricoles doivent être payés à un prix rémunérateur et non pas de vendre à perte.  Or dans de nombreuses productions, les prix de vente sont très en dessous des coûts de production à l’exemple du lait payé en 2020 à 347 euros/1000 L, alors que le prix de revient est estimé à 422 euros/1000 L. Pourtant le consommateur, de son côté, le paye toujours plus cher !

LMR demande en urgence que l’alimentaire soit reconnu comme un secteur hautement stratégique puisqu’il est vital pour nourrir l’ensemble de nos concitoyens. La situation vécue par le monde agricole depuis un an avec le coronavirus nous le rappelle chaque jour.

L’État et l’UE doivent prendre leurs responsabilités en ce sens pour assurer la souveraineté alimentaire et sortir l’agriculture des marchés mondiaux à prix bas, comme le CETA et le MERCOSUR qui ruinent nos producteurs. L’alimentaire n’est pas une marchandise qui s’échange comme un bien industriel. Toujours est-il que les industriels, qu’ils soient privés ou en coopératives, et les GMS continuent de confisquer les marges qui doivent légitimement revenir aux agriculteurs.

Le Mouvement de la ruralité demande au gouvernement, au ministre de l’Agriculture d’instaurer une véritable politique agricole et alimentaire avec des prix rémunérateurs pour les producteurs. Pour cela, il faut reconquérir le marché intérieur, imposer l’étiquetage total pour les produits frais et transformés pour consommer français de préférence, réguler les productions au niveau de l’UE et sortir des marchés mondiaux introduisant un dumping social et environnemental en refusant les accords qui induisent une distorsion comme celui du MERCOSUR.

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Si nous ne pouvons agir d’un claquement des doigts pour inverser le dérèglement climatique, il est encore temps d’agir contre le dogmatisme écologique politique qui empêche toutes formes d’adaptation pour en limiter les effets sur les territoires.

Voilà depuis plus de 20 ans que les lois changent en fonction du temps, souvent sans discernement, pour céder au dictat de l’écologie dogmatique. Ainsi, nous assistons depuis de nombreuses années au bétonnage généralisé, à l’artificialisation des sols, à la disparition des zones humides, à la disparition des fossés à l’air libre et à la suppression des barrages au nom de la sacro-sainte continuité écologique. Comme si du temps des anciens, l’entretien systématique de l’ensemble du réseau hydraulique, les poissons et la biodiversité n’existaient pas. Comme si à cette époque, il n’y avait pas de la vie dans les milieux aquatiques. Foutaise !

Alors, que les derniers évènements qui ont touché la France, notamment le Sud-ouest, donnent la dimension de ces afflux de masse d’eau et ses conséquences à répétition pour les habitants, rien n’est fait pour engager une gestion intelligente en amont de ces périodes d’abondance. Or, plus les quantités d’eau augmentent et plus les dégâts en font de même.

Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) prévient qu’il y aura dans l’avenir la même quantité d’eau déversée par la pluviométrie annuelle, mais qu’elle se fera par des épisodes plus courts et plus violents. En conséquence, de plus en plus d’habitations et d’exploitations agricoles seront durement sinistrées.

Pour limiter les dégâts occasionnés, le Mouvement de la ruralité plaide pour un retour aux curages des fossés et cours d’eau, sans les complexités administratives et des interdits des extrémistes de l’écologie actuels, la protection des zones humides et la création de retenues d’eau collinaires partout où cette possibilité est offerte. Bref, un retour au bon sens paysan pour une gestion équilibrée de l’eau et de nos territoires ruraux  !

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