Chaque saison, elles ont bercé nos regards d’enfant, nous offrant leurs couleurs changeantes, de l’ocre au pourpre, elles ont imprimé à tout jamais dans nos mémoires la vision de notre paysage girondin. Plus grands, en fin d’été, nos bottes chargées de boue, avec un basto à la main ou une hotte sur le dos, on venait vendanger pour se faire de l’argent de poche ou payer nos études. Plus tard, rentré dans la vie active, on posait un mois de congés pour ramasser le précieux sésame et compenser des salaires bien trop bas. Enfin, venait en point d’orgue la conviviale gerbaude pour fêter dans la joie la récolte enfin ramassée.

Pour de nombreux girondins, la campagne d’arrachage sera vécue comme un crève-cœur. Elle va leur imposer pendant plusieurs mois la vision d’un vignoble broyé, rappelant pour eux, mais surtout pour les professionnels, l’image apocalyptique des épisodes de grêle ou de mildiou. Sauf que là, les pelleteuses arrachent à leur terre les ceps de vigne centenaires aux racines si profondes qu’elles pourraient raconter l’histoire du climat, de l’évolution du travail des vignerons, de leur famille durant ce long ancrage au plus profond de leur terroir.

Comble de la situation, certaines avaient récemment retrouvé leurs atouts de jeunesse, elles venaient de reverdir, de retrouver, entre leurs rangs, les premiers signes de la reconquête végétale et animale. Ici où là, les baraganes, (poireau sauvage) qui agrémentaient jadis les assiettes accompagnées d’un œuf dur et d’une vinaigrette, les pissenlits et les premières pâquerettes s’affichaient dans leurs rangs fièrement comme pour mieux afficher leur bonne santé environnementale. Même le lièvre ne s’y était pas trompé et lui aussi avait retrouvé son jardin d’Eden.

Mais voilà, les épisodes climatiques, la concurrence des vins à bas coût, les campagnes de dénigrement, la surproduction et l’augmentation des frais de production sont venus assécher les finances et noyer les regards perdus des exploitants. Les larmes aux yeux, ils se résignent à arracher, à briser leur rêve, leur outil de travail et souvent celui de leurs aïeux. Ils se souviennent pourtant de l’instant joyeux des plantations, convaincus d’investir pour plusieurs générations, des prix records ou le vin se vendait très bien. Des périodes fastes où ils pouvaient investir et irriguer l’économie du territoire en investissant dans les machines et dans l’amélioration des bâtiments. Bref, tout un monde économique local qui bénéficiait de la bonne santé de la viticulture bordelaise.

Comme toujours, ils vont serrer les dents et se remonter les manches. Ils vont encore chercher une porte de sortie de crise, un possible avenir à leur métier, pour eux, pour leurs familles. Ils vont devoir faire face aux rapaces de tous bords, peut-être aux charognards qui planent au-dessus de la misère naissante.

Ils auront besoin de beaucoup d’accompagnement, de solidarité et de bienveillance, car ils vivent et vont vivre encore un long déchirement moral.

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Il n’y a plus de place pour l’homme, pour l’éleveur, l’agriculteur et encore moins pour le pécheur ! Plus possible de pêcher là où les phoques pullulent, plus possible de pêcher là où les dauphins chassent.

On interdit en France la pêche au nom de l’écologisme, on surprotège des espèces qui se portent bien comme on fait disparaître le pastoralisme pour des loups et des ours réintroduits au nom d’écologie punitive.

Le Conseil d’État qui devient le bras armé de ces écologistes radicaux devrait s’inquiéter de l’impact des parcs éoliens offshores sur les cétacés, les dauphins et autres marsouins. Ses juges devraient aussi s’inquiéter de la vie des hommes de la mer avant d’interdire à tout va et de suivre aveuglément l’écologisme radical.

On interdit la pêche des aloses et des lamproies dans nos fleuves et rivières, mais on laisse les espèces invasives les prédater en grand nombre et les stations d’épuration déverser leur lot de polluants, altérant la survie des espèces.

Le pêcheur devient le bouc émissaire, tout comme le chasseur ou l’agriculteur, d’un monde aseptisé qui refuse la mort du moindre animal, mais ne s’indigne plus de celui des hommes.

Les pêcheurs comme les agriculteurs sont écrasés par les règlements européens qui sont débattus loin du terrain et de la réalité.

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