Élections régionales : l’équilibre territorial au cœur de la campagne

Article Sud Ouest

 2021 05 22 SO Article Sud Ouest du 16 juin 2021 

51 % des Néo-Aquitains sont des ruraux et la Nouvelle-Aquitaine est la première région agricole d’Europe. D’où l’importance, dans la campagne électorale, de la défense de la ruralité et de l’égalité entre les territoires

Quand on sait qu’un Néo-Aquitain sur deux vit en zone rurale, on devine tout de suite que les candidats à la présidence de la Région doivent se munir de bonnes chaussures tout-terrain et ne surtout pas oublier un électorat peut-être plus motivé que celui des grandes villes pour se rendre aux urnes. S’il vit à Pessac (Gironde), où il possède une bergerie, Alain Rousset ne rate jamais une occasion de rappeler son ascendance rurale, sa passion pour la chasse, la pêche et le jardinage. Il a enrôlé en Charente le président de la Fédération régionale de pêche et repris sur sa liste girondine Henri Sabarot, figure connue de la chasse française.

Ex-maire de Bordeaux, Nicolas Florian évoque ses origines marmandaises et son grand-père agriculteur. Geneviève Darrieussecq souligne avec fierté ses racines plantées dans la terre des Landes, département majoritairement rural. Installée dans le Nord-Gironde, Edwige Diaz présente le Rassemblement national comme le parti de la ruralité, ce que lui conteste Eddie Puyjalon, fondateur et président du Mouvement de la Ruralité, allié à Jean Lassalle qui n’est jamais plus heureux – et sait le manifester – que dans une fête de village. Le chef de file EELV, Nicolas Thierry, loin de l’étiquette de bobo urbain que veulent lui coller ses adversaires, est issu d’une famille de viticulteurs créonnais et vit heureux loin de Bordeaux. Quant à l’Insoumise Clémence Guetté, seule tête de liste à ne pas venir de l’ex-Aquitaine, elle vient de se réinstaller dans le Poitou, sa terre de naissance et d’enfance.

De la Gironde à la Creuse

L’équilibre territorial, cela commence par la constitution des listes où il ne faut négliger aucun chef-lieu des douze départements de Nouvelle-Aquitaine, même si c’est plus compliqué avec la Creuse qui ne délègue que quatre élus dans l’hémicycle. Mais ce fameux équilibre territorial que promettent tous les prétendants à la présidence consiste à se monter aussi attentionné pour les Creusois que pour les Girondins même si, bien sûr, l’élection se gagne davantage dans le plus vaste département de la région que dans le plus petit.

Dans cette campagne, chacun y est allé de son couplet contre la métropolisation qui assécherait l’emploi et les services publics dans les villages.

Qui n’a pas entendu Alain Rousset répéter que son exécutif investissait 46 millions d’euros pour la rénovation du gigantesque lycée des Métiers du bâtiment à Felletin, dans la Creuse, au nom de l’égalité territoriale, ou se féliciter des 51 contrats de territoires paraphés pendant son mandat ?

Et qui n’a pas, à l’inverse, écouté ses concurrents, y compris Nicolas Thierry, son vice-président pendant cinq ans, l’accuser d’être décentralisateur à Paris mais centralisateur à Bordeaux, promettant, une fois élu, de réintroduire une harmonie disparue au sein des territoires.

Dans cette campagne, chacun y est allé de son couplet contre la métropolisation qui assécherait l’emploi et les services publics dans les villages et redistribuerait mal les richesses. Un argument contesté par plusieurs économistes et nié avec virulence par l’ex-président de Bordeaux-Métropole, Alain Juppé, qui affirme au contraire que la région a largement profité de l’attractivité retrouvée de sa capitale.

Ne pas oublier les agriculteurs

L’aménagement du territoire est une des missions essentielles d’un Conseil régional, grâce à un outil dont le nom s’éternue : le Sraddet (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité territoriale) qui s’impose aux autres collectivités locales et doit être validé par la préfecture. En Nouvelle-Aquitaine, ce feu vert a été donné le 20 mars 2020. L’équilibre territorial est un arc à plusieurs flèches, financées par la Région et par les fonds européens, gérés depuis 2015 par les exécutifs régionaux : desserte ferroviaire et routière, aide aux entreprises et à l’artisanat en milieu rural, soutien à la culture et au tourisme, construction ou rénovation de lycées ou centres d’apprentissage, développement du très haut débit pour supprimer les zones blanches, encore nombreuses en Nouvelle-Aquitaine.

N’oublions pas enfin une population, liée par nature à la ruralité, très courtisée par les candidats, même si elle fond malheureusement année après année, celle des agriculteurs. La Nouvelle-Aquitaine est, grâce notamment à la vigne, à l’élevage ou à la forêt, la première région agricole d’Europe. L’agriculture n’est certes pas compétence régionale mais le cadre dans lequel elle s’exerce, oui. Protection des espaces naturels face à l’artificialisation des sols, ressource naturelle en eau et irrigation, sortie des pesticides et aide à la conversion bio, achat en circuit court pour les cantines des lycées, soit environ 26 millions de repas annuels. Ça peut faire du foin électoral…

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