Régionales : comment les éoliennes s’implantent dans la campagne électorale

Article Sud Ouest

2021 05 22 SO Article Sud Ouest du 16 juin 2021

Les éoliennes se sont invitées dans le débat électoral. Selon certains candidats, elles représentent une menace pour la ruralité

Ce n’est certes pas pour ou contre l’implantation d’éoliennes que les électeurs vont se prononcer, les 20 et 27 juin. Difficile cependant de ne pas les apercevoir… dans le débat électoral (en Nouvelle-Aquitaine et en France). Certaines listes en font même un marqueur politique. Eddie Puyjalon, chef de file du Mouvement de la ruralité/Résistons avec Jean Lassalle, s’est d’ailleurs à maintes reprises illustré dans l’hémicycle contre les projets éoliens en Nouvelle-Aquitaine. « Il y a des électeurs qui vont voter pour nous, uniquement parce que nous dénonçons les éoliennes » assure-t-il.

Quel rapport avec la Région ? Tout simplement parce que celle-ci a voté son SRADDET (Schéma régional d’aménagement et de développement durable du territoire), approuvé en mars 2020 par la préfète Fabienne Buccio, qui prévoit l’implantation de 1 600 mâts sur le territoire régional, sans pour autant en assurer la maîtrise d’ouvrage ni le financement. 165 associations, soutenues par Eddie Puyjalon, ont saisi le tribunal administratif en juin 2020. À l’approche du scrutin, les éoliennes mettent de l’électricité dans l’air et contribuent à cliver le débat.

Plutôt épargnée, la Nouvelle-Aquitaine voit fleurir les projets de parcs éoliens. Ici et là, le scénario se répète : les opposants se mobilisent et le tribunal tranche, de plus en plus en faveur de l’implantation des mats.

« Fracture territoriale »

Le Rassemblement national s’est également proclamé le parti anti-éolien, ce qu’Eddie Puyjalon dénonce comme « un plagiat. » Dans le sillage de Dominique Bussereau, le président de Charente-Maritime qui réclame un moratoire, Nicolas Florian dit lui aussi stop aux éoliennes, tout comme Geneviève Darrieussecq qui, sur ce sujet, se désolidarise de sa collègue ministre de l’Écologie, Barbara Pompili. « La Région est excédentaire en production d’électricité, il n’y a donc pas besoin de ces engins qui polluent les sols et les paysages » , maintient Eddie Puyjalon qui regrette que centristes et Républicains n’aient pas suffisamment donné de la voix contre les éoliennes lors des sessions plénières.

Pour ce dernier, comme pour les anti-éoliennes, tous favorables au nucléaire dont ils rappellent que c’est « une énergie décarbonée », celles-ci sont en fait la parfaite illustration de la fracture territoriale. D’un côté, il y aurait les bobos-écolos des villes qui s’enthousiasment pour les énergies renouvelables, de l’autre, les ruraux qui doivent subir les nuisances des éoliennes sous prétexte qu’elles rapportent des taxes aux municipalités et aux propriétaires qui les acceptent sur leur sol.

La réalité est sans doute moins binaire. Certes, la gauche écologiste, représentée par Nicolas Thierry (EELV) ou Clémence Guetté (LFI), déplore le retard pris par la France et la Nouvelle-Aquitaine dans l’équipement d’énergies renouvelables mais rappelle toujours que rien ne peut se décider sans la consultation et l’approbation des citoyens et que les éoliennes ne doivent pas être installées dans un paysage sauvegardé ou sur un couloir d’oiseaux migrateurs. Le candidat EELV évoque par ailleurs une nouvelle génération d’éoliennes off-shore, « respectueuses de l’environnement. » Alain Rousset, lui, attend que le vent se calme.

Comments est propulsé par CComment