Nouvelle-Aquitaine : le Mouvement de la Ruralité de Jean Lassalle écarté du débat sur les régionales

Jean lassalle

2021 05 16 VA   Article Valeurs actuelles du 8 juin 2021

 

Le jeudi 3 avril, la liste du Mouvement de la ruralité soutenue par Jean Lassalle manquait à l’appel du débat organisé à Bordeaux par La Tribune en vue des élections régionales. Six têtes de liste étaient pourtant invitées. Retour sur un problème de pluralisme.

Le jeudi 3 juin, la liste du Mouvement de la ruralité soutenue par Jean Lassalle manquait à l’appel du débat organisé à Bordeaux par La Tribune en vue des élections régionales. Six têtes de liste étaient pourtant invitées. Retour sur un problème de pluralisme.

Il n’y a pas eu d’éloge de la chasse ni de la pêche, pas de célébration de la nature, pas de louage des traditions, et rien sur la ruralité, les agriculteurs, ni le monde paysan clamé au micro du journal La Tribune, jeudi dernier, lors du débat sur les élections régionales des 20 et 27 juin prochains. Et pour cause : la tête de liste du Mouvement de la ruralité (LMR) en Nouvelle-Aquitaine, Eddie Puyjalon, qui veut remettre la voix du monde rural au cœur du débat politique, n’a pas été invitée.

Exaspéré face à cette inégalité qui pose une question de pluralisme, Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, et Eddie Puyjalon, conseiller régional et candidat en Nouvelle-Aquitaine, avaient appelé ce même jour à une rencontre « de caractère républicain » pour protester. À travers un communiqué diffusé sur leurs réseaux sociaux, les deux hommes avaient alors organisé un rassemblement devant les locaux du musée Cap Sciences où se tenait le débat.

Devoir d’équité, non-respect des principes démocratiques

Parmi les journalistes les plus lucides et qui se préoccupent de la crise de confiance entre les médias et l’opinion, ne semble pas figurer La Tribune. Le journal participe ostensiblement au rétrécissement du débat public sans éprouver la moindre crainte de piétiner la nécessité de garantir le pluralisme à la veille d’élections importantes. Face à la décision du journal, les élus du Mouvement de la ruralité se sont rapidement indignés : « Notre démarche solennelle a pour objet d’en appeler au respect de la démocratie durant cette campagne électorale », et avaient ensuite alerté: « le droit que s’arroge ce média d’exclure telle ou telle liste qui a pourtant rempli les conditions républicaines de candidature n’est pas conforme au devoir d’équité entre les candidats et au respect des principes démocratiques ».

En début de semaine, Eddie Puyjalon et Yves d’Amécourt, tous deux conseillers régionaux sortants, avaient présenté les douze têtes de liste du Mouvement de la ruralité et du mouvement Résistons de Jean Lassalle. Puis les 48 candidats de la liste girondine conduite par Yves d’Amécourt. Tout comme les autres listes qui briguent la présidence de la Nouvelle-Aquitaine, le mouvement propose 183 candidats répartis sur les 12 départements de la Région.

Jusque-là, pas de quoi justifier une pareille confiscation du débat. Pourtant, le sort réservé au mouvement est scellé. Un mouvement dont l’engagement dans cette campagne repose exclusivement sur les ressources propres des candidats, sans aucun soutient de grands partis, et dont le coût de la propagande électorale pour le 1er tour (bulletins de vote, affiches et circulaires) a été estimé à 300 000 €. Rien ne semble donc motiver une telle éviction du débat. « Au nom de quelle règle ou de quel règlement cette décision a été prise ? », s’interrogent les candidats du mouvement « LMR-Résistons avec Jean Lassalle ».

Quand les sondages font la loi

Pour justifier son refus, La Tribune rappelle les mauvais sondages. À un peu plus de 15 jours du premier tour des élections régionales, la liste du Mouvement de la ruralité serait créditée de 3% des intentions de vote. À ce mauvais résultat, l’entourage de la tête de liste Eddie Puyjalon rétorque que « les sondages ne sauraient remplacer le suffrage universel et tous ont paru alors que la campagne commence à peine ! »

La logique aurait sans doute voulu que toutes les listes qui ont une assise électorale soit invitée. D’autant plus que le Mouvement de la ruralité porte une offre politique très singulière et bien différente des propositions des autres listes. Depuis l’explosion des chaînes d’information en continue et l’omniprésence du politique dans l’espace médiatique, les sondages font la loi. Mais attention, un péril guette et non des moindres : les intellectuels français observent depuis de nombreuses années la crise démocratique qui menace dans le pays. Dans son dernier ouvrage paru aux éditions de l’Observatoire, la journaliste Natacha Polony ose la question : « Sommes-nous encore en démocratie ? »

Car si le journal La Tribune a rempli son objectif médiatique, en parvenant à conserver une certaine tenue et une lisibilité dans le débat organisé sur les régionales, pour que les citoyens en retiennent quelque chose, il reste que l’objectif démocratique a été gravement sabordé. Néanmoins, il semblerait que l’intérêt démocratique prime, encore pour le moment, sur l’intérêt médiatique.

 

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