Article Sud Ouest du 5 juin 2021 

Tête de liste du Mouvement de la Ruralité, Eddie Puyjalon ne veut pas d’une Région dirigée par Alain Rousset, les écologistes ou le RN

En 2015, vous étiez sur la liste de Virginie Calmels. Cette année, vous faites cavalier seul. Pourquoi ?

Parce que, suite à la création du Mouvement de la Ruralité, nous avons constitué notre propre groupe au sein de l’hémicycle régional, justement dans l’objectif de ces élections. Nous nous présentons pour nous faire connaître et offrir aux abstentionnistes une offre politique nouvelle. Je voulais aussi faire équipe avec Jean Lassalle qui a les territoires ruraux et les quartiers dans son ADN. C’est un risque électoral et financier parce que cette région est vraiment immense. Mais il faut des gens courageux, c’est ma conception de la politique.

C’est facile de faire campagne avec Jean Lassalle ?

C’est beaucoup de plaisir. Le matin, il est un peu au diesel et le soir, il est à fond. Je ne confonds pas notoriété et adhésion mais il reçoit toujours un accueil formidable, y compris des jeunes des quartiers, toutes origines confondues, qui lui disent : « Pourquoi tout le monde n’est pas comme vous à Paris ? » Ça me rend optimiste sur l’avenir de la politique.
Ne contribuez-vous pas à donner l’image d’une ruralité négative, d’un monde où c’était mieux avant ?
Non, la ruralité est positive et il y a justement beaucoup d’urbains qui veulent venir y vivre. Le problème, ce sont les emplois. Et puis « l’agribashing », alors que les agriculteurs n’ont cessé de se moderniser ou de se renouveler sans gagner plus d’argent. Ce n’est quand même pas interdit de gagner de l’argent grâce à son travail. Avec Jean Lassalle, nous voulons redonner de l’honneur à ce métier. On veut aussi réintroduire des services publics ou des trains qui roulent dans les territoires ruraux. Quand va-t-on enfin remettre de l’argent dans la ruralité ?

Alain Rousset met en avant son côté chasseur et pêcheur. Ça doit vous plaire ?

On ne peut pas défendre l’agriculture, la chasse ou la pêche en s’acoquinant avec ceux qui militent pour leur disparition. Pendant la dernière mandature, c’est souvent l’opposition qui a sauvé les dossiers d’Alain Rousset parce qu’EELV votait contre. Les ruraux savent qui sont leurs vrais défenseurs.

Votre vrai adversaire, c’est EELV ou le RN ?

Ce mandat l’a prouvé, je suis un humaniste. Je débats avec tout le monde et j’aime ça. Je suis ouvert et j’aime apprendre. Avec EELV, nous avons des idées vraiment discordantes et l’écologie punitive n’est pas ma tasse de thé. Le RN est un parti de tricheurs que je combats depuis 25 ans. Du temps de CPNT, il essayait de nous piquer des électeurs chez les chasseurs et maintenant c’est un parti animaliste. Il se présente comme le parti anti-éoliennes. Mais les associations qui les combattent ne s’y trompent pas. Elles sont sur nos listes parce qu’elles connaissent mes convictions et mon travail sur le terrain.

Pensez-vous créer la surprise le 20 juin ?

On l’a déjà fait avec CPNT alors qu’on avait un socle électoral plus restreint. Nous verrons au soir du premier tour. Si nous n’avons pas d’élus, ce sera un échec et on rebondira aux législatives. Et puis après, le Mouvement s’envolera avec un autre président que moi.